Au
Canada, il y a une province portant le nom de Québec. Dans cette province, se
trouve la « Grand ville » de Montréal. C’est de là que je viens.
C’est là que j’ai grandi, dans le béton de la métropole, parlant le joual
l’argot des quartiers populaires. Je me retrouve aujourd’hui à habiter la Seine
et Marne, en pleine France, en pleine verdure, avec mes oreilles me jouant des
tours, qui me font enfouir mon accent gras de petite montréalaise.
En
changeant de pays, ainsi qu’en passant de la ville à la campagne, certaines
traditions et habitudes de vie viennent à changer. Tout n’est cependant pas
différent. Il y a bel et bien des
similitudes, un fil conducteur, qui font que l’étrangère que je suis peut fêter
Noël avec un semblant de proximité avec ce que je connais. Je vais ici
m’appliquer à vous dépeindre ce que je vois et ressens de différent, ou pas, entre la célébration de la fête de Noël ici et
là-bas.
Noël, c’est les réunions de famille, souper entre amis,
la table, la musique, le sapin, les cadeaux,
les décorations, les déplacements, parfois sur de grandes distances,
pour aller voir matante et mononcle tata et tonton, grand-popa et grand-moman
papi et mamie. Jusqu’à maintenant, ça se ressemble, vous ne trouvez pas? Je
vous le dis, la différence est dans les détails. Mais des détails, y en a à la
pelle!
Prenons le symbole du Père-Noël tout
habillé de rouge. Pour les petits Canadiens, il vient du Pôle Nord et il a son
« Royaume » dans pas mal de centres d’achats centre
commerciaux. Je l’ai souvent vu arrivé en grandes pompes par hélicoptère. Ici,
il a souvent un petit espace réservé avec son trône, mais le tout reste
généralement très sobre. De façon générale, le Père-Noël d’ici est moins
ventripotent que son homologue nord-américain.
Les chants de Noël, c’est magique et
ça met dans l’ambiance du temps des fêtes. Mais ici, je dois avouer rester sur
ma faim. On entend beaucoup de « musique instrumentale de Noël » dans
les boutiques et grandes surfaces, mais rares sont les chants à se faire entendre.
Au Québec, une célèbre radio nous inonde de chants, dès le début décembre. Que
les chants soient actuels ou d’antan, religieux ou non, c’est la tradition.
C’est ainsi donc que « Petit Papa Noël », « White
Christmas » et « Minuit Chrétien » se côtoient sur les ondes
radiophoniques.
Autre forte image de cette fête,
présent dans beaucoup de maisons des deux côtés de l’Atlantique : le
sapin. Illuminé, enguirlandé, avec ses boules et glaçons accrochés aux
branches, le roi des forêts (si on se fie à la chanson « Mon beau
sapin »), trône fièrement dans le coin d’une pièce. Artificiel ou Naturel?
En milieu rural français, il y a pas mal de vente de sapins naturels, de ce que
j’ai pu constater, mais il ne s’agit pas nécessairement de la norme. Outre Atlantique, même dilemme entre la nature et l’industriel.
Les sapins artificiels à fibre optique intégrée commencent à avoir la cote. On retrouve aussi de moins en moins de crèches
sous nos conifères décoratifs. La religion ayant tendance à s’effacer autant
ici qu’au Canada.
Si cette fête rassemble famille et
amis, c’est bien entendu possible grâce aux différents moyens de transport. Peu
importe où on est, la voiture occupe sans aucun doute la première place du
podium. Que l’on fasse quelques kilomètres ou des centaines de bornes, elle est
la reine des déplacements du fêtard. Après, on dénote une grande différence au
niveau des transports en commun. Les français optent pour le train, voir même
l’avion. Les québécois optent plus pour
les autocars généralement. Les réseaux de bus sont plus développés en Amérique
qu’ici.
Les réunions de fête comme celle-ci,
sont aussi l’occasion de festins, tous plus appétissants que différents. Les
traditions culinaires se rejoignent quelque peu. Plusieurs mets sont à base de
viandes, autant ici qu’au Canada. On retrouve en France des sandwiches
surprises de quelques étages, du foie gras, du jambon en croûte, voir une
choucroute, un cassoulet ou un baeckeofe. Dans mon pays d’origine, on retrouve
le ragoût de boulettes et pattes de cochon, la tarte à la viande, la tourtière
du Lac St-Jean, ou encore le cipaille. Pour accompagner ces mets, on retrouve
souvent des ketchups maison sur la table, ou des petits oignons et cornichons
sucrés.
Toute bonne ripaille se termine avec
une touche sucrée, un dessert, une petite douceur. De ce que j’ai pu goûter
depuis mon arrivée en sol français, les goûts sont fins, le sucré est peu sucré
et le visuel est souvent léché et brillant. Ça a de la gueule, mais ma dent
sucrée s’ennuie des bonnes tartes de grand-maman, du sucre à la crème et des
différentes bûches présentes au Québec.
Quand j’étais plus jeune, deux
bûches se faisaient compétition dans la maison. L’une à la crème glacée :
un gâteau au chocolat roulé avec une couche de glace vanille en guise de
glaçage. C’était la Lambert. Lambert s’en est allé et la compagnie Coaticook a
pris le créneau de la bûche glacée depuis quelques années. D’un autre côté, il
y avait la bûche que les diabétiques ne devaient pas manger, mais mon
grand-père se sucrait le bec avec une part quand même, tous les ans. Trop
sucrée, trop riche…juste trop… trop délicieuse : la Vachon. Enfant,
j’aurais échangé n’importe quoi contre une part de cette bûche. Un gâteau à la
vanille roulé, avec un glaçage vanille à l’intérieur et un glaçage chocolat à
l’extérieur. Un délice, plus que sucré, qui fond dans la bouche et qui ne peut
se décrire en mots tellement, d’après moi, le goût se rapproche du divin. Le
jour où je trouverai un goût semblable en France, je me sentirai définitivement
à la maison.
Au final, je ne sais pas vous, mais
moi, ce que je retiens de la façon de fêter Noël, c’est : de passer du bon
temps avec ses proches, autour d’une belle et bonne table, dans un
environnement qui scintille, décoré avec son cœur d’enfant et avec amour, en
chantant des chansons de circonstance et voir l’émerveillement, dans les yeux
d’un enfant (ou d’un grand enfant!) qui
obtient ce qu’il avait demandé à Papa Noël. Et tout ça, on le retrouve sur les
deux continents!
En espérant que vous avez passé un
agréable réveillon de Noël, je vous souhaite de tout cœur un très bon temps des
fêtes!