jeudi 25 décembre 2014

Noël comparé


Au Canada, il y a une province portant le nom de Québec. Dans cette province, se trouve la « Grand ville » de Montréal. C’est de là que je viens. C’est là que j’ai grandi, dans le béton de la métropole, parlant le joual l’argot des quartiers populaires. Je me retrouve aujourd’hui à habiter la Seine et Marne, en pleine France, en pleine verdure, avec mes oreilles me jouant des tours, qui me font enfouir mon accent gras de petite montréalaise.

En changeant de pays, ainsi qu’en passant de la ville à la campagne, certaines traditions et habitudes de vie viennent à changer. Tout n’est cependant pas différent.  Il y a bel et bien des similitudes, un fil conducteur, qui font que l’étrangère que je suis peut fêter Noël avec un semblant de proximité avec ce que je connais. Je vais ici m’appliquer à vous dépeindre ce que je vois et ressens de différent, ou pas,  entre la célébration de la fête de Noël ici et là-bas.

            Noël, c’est  les réunions de famille, souper entre amis, la table, la musique, le sapin, les cadeaux,  les décorations, les déplacements, parfois sur de grandes distances, pour  aller voir matante et mononcle  tata et tonton, grand-popa et grand-moman papi et mamie. Jusqu’à maintenant, ça se ressemble, vous ne trouvez pas? Je vous le dis, la différence est dans les détails. Mais des détails, y en a à la pelle!

            Prenons le symbole du Père-Noël tout habillé de rouge. Pour les petits Canadiens, il vient du Pôle Nord et il a son « Royaume » dans pas mal de centres d’achats centre commerciaux. Je l’ai souvent vu arrivé en grandes pompes par hélicoptère. Ici, il a souvent un petit espace réservé avec son trône, mais le tout reste généralement très sobre. De façon générale, le Père-Noël d’ici est moins ventripotent que son homologue nord-américain.

            Les chants de Noël, c’est magique et ça met dans l’ambiance du temps des fêtes. Mais ici, je dois avouer rester sur ma faim. On entend beaucoup de « musique instrumentale de Noël » dans les boutiques et grandes surfaces, mais rares sont les chants à se faire entendre. Au Québec, une célèbre radio nous inonde de chants, dès le début décembre. Que les chants soient actuels ou d’antan, religieux ou non, c’est la tradition. C’est ainsi donc que « Petit Papa Noël », « White Christmas » et « Minuit Chrétien » se côtoient sur les ondes radiophoniques.


            Autre forte image de cette fête, présent dans beaucoup de maisons des deux côtés de l’Atlantique : le sapin. Illuminé, enguirlandé, avec ses boules et glaçons accrochés aux branches, le roi des forêts (si on se fie à la chanson « Mon beau sapin »), trône fièrement dans le coin d’une pièce. Artificiel ou Naturel? En milieu rural français, il y a pas mal de vente de sapins naturels, de ce que j’ai pu constater, mais il ne s’agit pas nécessairement de la norme.  Outre Atlantique,  même dilemme entre la nature et l’industriel. Les sapins artificiels à fibre optique intégrée commencent à avoir la cote.  On retrouve aussi de moins en moins de crèches sous nos conifères décoratifs. La religion ayant tendance à s’effacer autant ici qu’au Canada.

            




Si cette fête rassemble famille et amis, c’est bien entendu possible grâce aux différents moyens de transport. Peu importe où on est, la voiture occupe sans aucun doute la première place du podium. Que l’on fasse quelques kilomètres ou des centaines de bornes, elle est la reine des déplacements du fêtard. Après, on dénote une grande différence au niveau des transports en commun. Les français optent pour le train, voir même l’avion.  Les québécois optent plus pour les autocars généralement. Les réseaux de bus sont plus développés en Amérique qu’ici.

            Les réunions de fête comme celle-ci, sont aussi l’occasion de festins, tous plus appétissants que différents. Les traditions culinaires se rejoignent quelque peu. Plusieurs mets sont à base de viandes, autant ici qu’au Canada. On retrouve en France des sandwiches surprises de quelques étages, du foie gras, du jambon en croûte, voir une choucroute, un cassoulet ou un baeckeofe. Dans mon pays d’origine, on retrouve le ragoût de boulettes et pattes de cochon, la tarte à la viande, la tourtière du Lac St-Jean, ou encore le cipaille. Pour accompagner ces mets, on retrouve souvent des ketchups maison sur la table, ou des petits oignons et cornichons sucrés.

            Toute bonne ripaille se termine avec une touche sucrée, un dessert, une petite douceur. De ce que j’ai pu goûter depuis mon arrivée en sol français, les goûts sont fins, le sucré est peu sucré et le visuel est souvent léché et brillant. Ça a de la gueule, mais ma dent sucrée s’ennuie des bonnes tartes de grand-maman, du sucre à la crème et des différentes bûches présentes au Québec.

            Quand j’étais plus jeune, deux bûches se faisaient compétition dans la maison. L’une à la crème glacée : un gâteau au chocolat roulé avec une couche de glace vanille en guise de glaçage. C’était la Lambert. Lambert s’en est allé et la compagnie Coaticook a pris le créneau de la bûche glacée depuis quelques années. D’un autre côté, il y avait la bûche que les diabétiques ne devaient pas manger, mais mon grand-père se sucrait le bec avec une part quand même, tous les ans. Trop sucrée, trop riche…juste trop… trop délicieuse : la Vachon. Enfant, j’aurais échangé n’importe quoi contre une part de cette bûche. Un gâteau à la vanille roulé, avec un glaçage vanille à l’intérieur et un glaçage chocolat à l’extérieur. Un délice, plus que sucré, qui fond dans la bouche et qui ne peut se décrire en mots tellement, d’après moi, le goût se rapproche du divin. Le jour où je trouverai un goût semblable en France, je me sentirai définitivement à la maison.

            Au final, je ne sais pas vous, mais moi, ce que je retiens de la façon de fêter Noël, c’est : de passer du bon temps avec ses proches, autour d’une belle et bonne table, dans un environnement qui scintille, décoré avec son cœur d’enfant et avec amour, en chantant des chansons de circonstance et voir l’émerveillement, dans les yeux d’un enfant  (ou d’un grand enfant!) qui obtient ce qu’il avait demandé à Papa Noël. Et tout ça, on le retrouve sur les deux continents!

            En espérant que vous avez passé un agréable réveillon de Noël, je vous souhaite de tout cœur un très bon temps des fêtes!